Federico Dalvit - Jan Van Langenhove
L’Europe dans la crise de l’ordre

La guerre d’Ukraine fait à présent irruption dans le processus européen tourmenté. La guerre – déclenchée par l’impérialisme russe dans l’idée de pouvoir exploiter la crise de l’ordre entraînée par l’irruption chinoise – polarise le champ de forces vers l’Atlantique, met à l’épreuve l’effort européen pour parvenir à une autonomie stratégique autour de l’axe rhénan, suscite la réaction belliciste de la Pologne et des pays baltes, et ébranle le système d’alliances de l’Allemagne. C’est une « Zeitenwende », selon l’expression du chancelier allemand Olaf Scholz, un tournant qui accélère l’histoire et qui met ainsi à nu les potentialités et les faiblesses de l’Europe. En plus de la difficulté à centraliser politiquement la pluralité d’États et de superstructures, la contradiction pour l’impérialisme européen réside aussi dans le fait que la bataille pour la relance continentale doit nécessairement rechercher la connexion avec une base de masse repliée sur les peurs du déclin atlantique. Le Brexit est une manifestation éclatante de ce cycle politique qui reflète des peurs petites- bourgeoises et propriétaires, et le vieillissement démographique. Aujourd’hui, ce sont la guerre et ses conséquences qui révèlent les dommages stratégiques du Brexit, dans une confrontation mondiale entre puissances de taille continentale. L’UE, puissance principalement économique et exportatrice à partir de sa composante allemande, met l’accent sur l’ouverture des échanges et sur la négociation selon ses lignes directrices stratégiques, donc sur le moment unitaire plutôt que sur la scission. Mais en régime capitaliste, l’ouverture des échanges et le développement des marchés sont en même temps division en classes et en États, et lutte impitoyable pour le partage. Nous le voyons concrètement aujourd’hui : Berlin défend le multilatéralisme, mais en même temps se réarme, ce qui signale que la confrontation est montée d’un cran et confirme le rôle de l’intervention de l’État. L’irruption tragique et brutale de la guerre impérialiste en Europe donne la mesure du retard historique du parti révolutionnaire, mais confirme que l’internationalisme est la seule voie crédible pour la classe prolétarienne en Europe et dans le monde. Nous sommes avec les prolétaires ukrainiens, avec les prolétaires russes, avec les prolétaires européens, mais aussi avec les prolétaires américains et chinois, et nous luttons aussi bien contre l’impérialisme russe, européen, américain et chinois que contre la bourgeoisie ukrainienne. Dans la crise de l’ordre, l’internationalisme est le seul choix contre la barbarie.


Novembre 2023, 379 paginas, cart.

ISBN 978-2-490073-61-0

formato : 215x140 mm

serie : analyses

20,00€

Este libro también está disponible en italien y en español