Guido La Barbera
L’ordre instable du multipolarisme
1995-2001

La stratégie révolutionnaire est ancrée à la loi de la rupture de l’équilibre international. Puisque les métropoles ont besoin du développement des nouvelles puissances, l’ordre a besoin de la dynamique qui finalement le renversera, autrement dit l’unité se maintient en vertu de la scission. Un exemple d’aujourd’hui : l’unité du cartel du libre-échangisme impérialiste a besoin de coopter Pékin. Mais le renforcement de la Chine, stimulé par cette même cooptation, alimentera les tendances à la scission.

Il s’agit de beaucoup plus que du simple emprunt éclectique des théories de Lénine sur le développement inégal opéré par les écoles réalistes bourgeoises ; il s’agit de reconnaître la nécessité du développement inégal en tant que moteur de la scission, en tant qu’accumulation souterraine des tensions entre les puissances, en tant que dynamique découlant du même processus de développement des métropoles impérialistes, à travers les connexions de l’exportation de capitaux et du commerce mondial

L’impérialisme n’est pas en mesure de garantir l’ordre international, et cela non pas au sens générique où le développement inégal changerait les rapports entre les puissances, mais plutôt au sens direct et nécessaire où l’ordre a besoin de faire épanouir ces forces même qui le détruiront

Dans ce sens, la théorie de l’impérialisme ajoute à la loi de la lutte de classes – le capitalisme développant le prolétariat développe la force sociale révolutionnaire qui s’oppose à lui – la loi de la rupture de l’équilibre international : l’ordre international impérialiste développant les nouvelles puissances développe le moteur même de la dynamique de sa propre rupture. La dernière différence entre les théories bourgeoises de l’équilibre et la théorie marxiste réside justement dans cette connexion.

Pour les courants théoriques et politiques de la bourgeoisie, l’équilibre et la rupture de l’équilibre sont en question du point de vue des différentes puissances en compétition : la conservation, la transformation ou la rupture de l’ordre sont vues en fonction des intérêts particuliers de chaque puissance ou des intérêts généraux du cartel unitaire de l’impérialisme. Pour le marxisme, la question centrale est la stratégie internationale du prolétariat, dans laquelle la lutte entre les États ne peut être séparée de la lutte entre les classes.


2004, 448 pages, br.
9 cartes, index des noms et repères biographiques, chronologie 1995-2001, bibliographie

ISBN 978-2-912639-12-7

collection : textes

17,00€

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